L'URBANISME DE DALLE AU SERVICE DE LA VILLE-PARC
SOLS, SEUILS ET LIMITES A EVRY - PROJET DE FIN D'ETUDES
Au fil du temps, notre regard sur les grands ensembles a évolué. Conçus à l’origine comme une réponse novatrice pour offrir un meilleur confort de vie, ces quartiers ont peu à peu été marqués par des changements sociaux et économiques. Aujourd’hui, ils souffrent d’une image souvent négative, influencée par des idées reçues et des représentations stéréotypées. Pourtant, ces lieux possèdent une histoire, une architecture et un potentiel qui méritent d’être repensés pour s’adapter aux modes de vie actuels et retrouver toute leur valeur.


Depuis les années 2000, de nombreux programmes de rénovation ont été mis en place pour transformer l’image des grands ensembles, souvent en passant par leur restructuration ou leur démolition. Autrefois, les initiatives émergeaient directement des habitants et des acteurs locaux, mais aujourd’hui, les décisions sont principalement prises à une échelle centralisée. Cette évolution a recentré la démarche sur l’urbanisme, laissant parfois de côté les dimensions sociale, économique et culturelle.
Face à cette approche, ce projet propose une alternative à la destruction systématique en valorisant ce qui existe déjà. Il s’inscrit dans une logique de réappropriation du patrimoine moderne, en révélant son potentiel et en imaginant de nouvelles manières de l’habiter.
Plutôt que de chercher à transformer radicalement les grands ensembles pour les faire ressembler à la ville « traditionnelle ».
Ce projet propose une approche différente : s’appuyer sur les qualités uniques de ces quartiers pour mieux les révéler. Il est essentiel de porter un nouveau regard sur cette architecture héritée des années 70 et d’en valoriser le potentiel.
Les images et les représentations jouent un rôle clé dans cette démarche : par le dessin et l’analyse, il devient possible de redonner du sens à ces lieux et d’avoir un impact sur ceux qui les habitent et les font vivre. C’est pourquoi un travail de diagnostic et de relevé précis constitue une étape incontournable.
Conçue par des urbanistes et des architectes, Evry mérite d’être comprise et mise en valeur par ceux qui façonnent la ville. Loin d’être un simple concept, l’utopie moderne s’incarne dans l’espace bâti, et il est essentiel de permettre aux habitants de se le réapproprier.

Présentation du centre ville
Le centre-ville d’Évry est en grande partie construit sur dalle et organisé autour de son activité. Il rassemble des équipements d’importance régionale, comme la préfecture, ainsi que des infrastructures sportives (patinoire, piscine) et culturelles (théâtre).
Le périmètre étudié s’étend du parc des Coquibus, au sud-est, jusqu’au quartier des Pyramides, au nord, avec pour point central la gare RER d’Évry-Courcouronnes. La partie sud-ouest de cette zone comprend principalement le secteur universitaire ainsi que les tours de la ZAC,
construites dans les années 2010, qui se distinguent par l’absence de dalle. L’ensemble administratif délimite la zone d’étude au nord-est. Le plan est orienté avec l’ouest en haut, en cohérence avec la coupe réalisée le long de l’axe structurant de la ville.
Au cœur du centre-ville, trois situations distinctes (marquées en noir sur la maquette) ont été identifiées en raison de leur caractère et de leur échelle. Elles offrent une base de réflexion pour explorer comment concilier l’urbanisme sur dalle avec le modèle de la ville-parc.

Extraits de plans

De la dalle au parc
Guider l’eau de l’un à l’autre
Situé en contrebas de la place des Terrasses, le patio apporte un contraste apaisant au dynamisme de la place. Le projet vise à améliorer son accessibilité en intégrant un emmarchement dans le prolongement naturel du parcours depuis la place des Terrasses. Une nouvelle sortie plus visible est également créée, en remplacement de l’accès actuel, dissimulé derrière les arbres et un talus. Enfin, une passerelle reliant le patio au cours Blaise Pascal facilite la circulation entre les différents niveaux, rendant les déplacements plus fluides et intuitifs.
La passerelle traverse un espace en double hauteur couvert, créant une transition entre l’animation de la rue et la quiétude du patio végétalisé. Un fil d’eau accompagne ces cheminements, guidant naturellement le regard et le mouvement. L’eau de la place des Terrasses est collectée et dirigée vers un bassin situé trois mètres plus bas, avant de s’écouler le long d’un muret délimitant les parkings et le jardin. En cas de trop-plein, un système de noues permet son évacuation, assurant une gestion harmonieuse et intégrée des eaux pluviales.

De la fraîcheur en ville
Multiplier les îlots de fraîcheur en désimperméabilisant les parkings
En rendant le sol perméable, le projet renforce l’effet d’îlot de fraîcheur en contraste avec l’étendue minérale de la dalle des Terrasses. La végétation choisie est majoritairement basse afin de préserver l’ouverture du lieu, évitant ainsi de l’enclaver davantage dans sa position en contrebas. Conçu comme une respiration au sein du parcours sur dalle, le patio s’intègre naturellement dans son environnement et se connecte à plusieurs équipements essentiels, tels qu’un dispensaire, une médiathèque et une crèche, renforçant ainsi son rôle de lieu de vie et d’échange.
La valorisation du jardin inclut une révision de l'entrée de la médiathèque, actuellement accessible uniquement depuis l’agora. Le patio devient ainsi son seuil, permettant d’accéder à l’atmosphère calme des étagères de livres dès l’extérieur.
Le toit du dispensaire est conçu comme un jardin de lecture, offrant un espace ombragé sous les grands arbres existants. Ce jardin se prolonge harmonieusement avec celui de la médiathèque, créant un environnement serein et propice à la détente et à la lecture.


De la lumière pour les lieux hostiles
Modeler la topographie du remblai pour la qualifier
Le site du centre commercial se caractérise par une grande échelle, dominée par un vaste parking à la fois sur dalle et sur remblai. Pour mieux l'intégrer dans la ville, une nouvelle séquence transversale est créée, reliant le quartier de la Butte Creuse au centre commercial par une passerelle. Ce parcours débute par un passage à travers le bâtiment de Pierre Riboulet, prolongeant ainsi l’architecture moderne et offrant une nouvelle circulation fluide entre les deux espaces. La passerelle se prolonge sur la dalle devant la coulée verte, créant ainsi une continuité fluide entre les deux nouveaux parcs.
Le parking, aujourd’hui adossé au talus, bénéficie d’une amélioration notable grâce à un travail de topographie utilisant un sol perméable. Cela permet de créer une nouvelle articulation entre les zones perméables et imperméables, en définissant clairement leurs seuils. Nous exploitons la terre déjà présente sur le site pour dessiner des buttes à travers un travail de déblais/ remblais, ce qui permet d’adoucir le paysage et d'intégrer plus harmonieusement le projet dans son environnement.

Des sols au sous-sol
Des noues pour faire pénétrer l’eau dans les nappes
La place Mendès France, conçue à l’origine comme une place de marché, est aujourd’hui un parking à ciel ouvert, malgré ses dimensions adaptées à une place plantée. Située au cœur du centre-ville et à proximité des commerces, elle bénéficie d'une grande visibilité. Dans le projet, les traitements de sol de la diagonale de la place et de ses prolongements sont repensés pour donner la priorité aux piétons plutôt qu'aux véhicules. Ce nouveau parcours, au niveau du sol naturel, offre une alternative agréable et fluide à l’usage des passerelles.
On imagine qu’en été, cet espace sera naturellement plus fréquenté, grâce à son exposition aux îlots de fraîcheur et à l'ombre des bâtiments. En creux, il constitue un lieu de contemplation auquel l'accès est limité. L’objectif est de permettre à la biodiversité de s’y développer tout en accueillant les eaux de pluie des environs, afin qu’elles s’infiltrent progressivement dans le sol. Cet aménagement apporte également de la nature au plus près des logements de la Butte Creuse, contribuant ainsi à améliorer le cadre de vie des habitants.

Présentation du parc aux lièvres
Le grand ensemble d’habitations du Parc aux Lièvres, construit entre 1968 et 1971 pour loger les fonctionnaires de la préfecture, est organisé autour d'une dalle de 3,5 hectares, avec des logements en barres et tours. En 2018, il comptait environ 2 000 habitants. Après le dépôt du permis de démolir en 2021, les logements situés en contact direct avec la dalle ont été progressivement vidés.
Pour financer la démolition, l’ANRU a accordé une subvention de 50 millions d’euros, dans le cadre d’un investissement total de 140 millions d’euros pour le projet. Au total, 169 logements sont réhabilités, tandis que 380 logements sont détruits. Cette opération fait partie d’une rénovation plus large du quartier, pilotée par les architectes de l’agence Atelier Lion, que nous avons eu l’occasion de rencontrer.

Extraits de plans

Des programmes et patios pour la dalle du parc aux lièvres
Apporter de la lumière et des vues aux dessous. qualifier les seuils.
Le projet du Parc aux Lièvres se concentre sur la question des limites : il s'agit à la fois de les effacer et de les marquer pour redéfinir les frontières entre le public et le privé. L’ensemble est enclavé, avec des accès à la dalle qui passent par la zone résidentielle. En créant de nouveaux accès directs au centre de la dalle, nous le rendons plus accessible et organisons mieux les différents espaces. Le centre devient ainsi la partie la plus publique du site, accompagnée de programmes en superposition, à la fois au-dessus et en dessous. Une grande surface ouverte est conservée pour accueillir des événements ponctuels, comme des fêtes de quartier ou des matchs de foot quotidiens. Les limites des zones résidentielles sont définies par des patios, créant une séparation douce et agréable
Les patios créent un seuil subtil entre l’espace très public et l’intimité du domestique, en négociant la limite d’une manière plus riche que par une simple résidentialisation banale. Un travail soigné sur les traitements du sol permet de préciser les accès aux logements. Au niveau du parking de la pagode, nous envisageons de désimperméabiliser le sol et de créer des jardins familiaux pour les habitants. Cette nouvelle zone perméable établit une continuité fluide entre le parc Henri Fabre et l’ensemble bâti. L’eau récupérée sur la dalle sera stockée dans un réservoir, alimentant ainsi les jardins. Enfin, l’intégration d’une zone humide en contrebas crée un seuil naturel entre la route et les jardins, renforçant l’articulation entre ces différents espaces.


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